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Critique : Der Bunker (Nikias Chryssos) (2015)

Synopsis :Un étudiant-chercheur, pour son travail, s’isole au calme dans un bunker tenu par une famille très particulière…


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Issu de nul part, Der Bunker est la première œuvre de Nikia Chryssos, un réalisateur Allemand jusque-là inconnu mais à l’avenir ô combien prometteur. Car ce long métrage brille primordialement par sa justesse et son originalité. Avec un pitch tel que celui annoncé, les possibilités sont vagues et variées, le terrain est large, propice à une imagination fertile. Tout s’introduit à la manière d’une comédie familiale légèrement décalée, plutôt inoffensive et amusante, bien qu’un aspect loufoque commence à se dévoiler. Mais en réalité, Der Bunker est tout sauf inoffensif et dispose d’une frappe satirique hors norme. Notre jeune étudiant creuse les pistes de sa thèse consistant à « unifier les éléments » tandis que les parents lui attribuent l’éducation (hautement draconienne) de leur fils, Klaus (interprété par le talentueux Daniel Fripan et son apparence atypique), physiquement adulte mais mentalement persuadé d’avoir 8 ans et souhaitant devenir président (bien que ce soit avant tout une volonté de ses parents). Une base qui n’est pas sans nous rappeler la première demi-heure de Bad boy bubby, en plus coloré.


Au gré de l’avancée et de l’évolution de l’histoire, l’intelligence du scénario commence à faire son apparition et la cible de ce film n’est autre que nous; confronté à notre propre folie partagée, contagieuse. Les films à vocation satirique et sociale tel que l’ange exterminateur (1962) ou Canine (2009) attaquent constamment la bourgeoisie, les réduisant progressivement à l’état primitif en obstruant leurs codes sociaux et leurs conditions de vie. C’est efficace, mais facile, déjà vu, radoté, le ton y est austère et glacial. Mais Der bunker emprunte un autre chemin. L’étudiant (présupposé génie), acculé dans ce Bunker au milieu de nulle part n’a plus aucune force ni aucun pouvoir, son savoir ne lui est plus d’aucune utilité. Il n’est pourtant pas maltraité, ni torturé, mais il reste là, et son esprit scientifique analyse la situation totalement irrationnelle. Progressivement, chaque personnage jusque là fou expose ses facettes les plus tordues et viennent se joindre les complexes (notamment celui d’œdipe), les frustrations, les accès de colère. Mais jamais on ne vire dans le malsain, car ce second degré loufoque dans ce bunker ménagé étrangement bien entretenu, surplombé de quelques jolies lumières tamisées, apporte une certaine légèreté ne décrédibilisant aucunement les faits mais accentuant le tout d’une absurdité déstabilisante. Et entre rire et malaise, le final surprenant nous vient comme grande claque dans la tète. Bravo, ce premier film est parfait, on touche le chef d’oeuvre.

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