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Critique : Thanatamorphose (Eric Falardeau) (2012)


Thanatomorphose est le premier long-métrage d’Éric Falardeau qui avait déjà su nous séduire avec ses quelques courts métrages dont l’impressionnant « Purgatory » dans lequel on pouvait déjà apercevoir l’attrait particulier d’Éric pour le corps, l’existentialisme, la folie, la décrépitude et l’auto-destruction. Ce film matérialise la mort de manière progressive et réelle.

Autant le dire tout de suite ce n’est pas un film agréable à regarder (pourtant il est très bon), il est lent, sombre, souvent muet, très intimiste, et retranscrit à l’écran l’âme anthracite du personnage principal joué par la sublime Kayden Rosee (que l’on voit nue durant quasiment tout le film d’ailleurs) vivant un quotidien morne dans son appartement sombre à ne faire que la même chose, les mêmes gestes, les mêmes habitudes, les mêmes rituels. C’est en fait un film plutôt troublant qui nous immisce dans tète de cette jeune femme au moral défaillant et à la lassitude totale de la vie qui se meurt mentalement. Et c’est là qu’Éric matérialise cette mort progressive qui désormais, est aussi retranscrite par le corps. La vie tue cette femme et son corps en est le témoin.

Progressivement nous assistons à sa décomposition physique et sa déchéance morale tandis qu’elle sombre dans la folie, qu’aucune explication ne nous est exposée et que nous sommes témoins de sa mort se montrant de la manière la plus naturelle possible tandis qu’elle tente en vain de se réapproprier son corps.

ps : Mention spéciale pour les effets spéciaux (bien gore) totalement dingues de David Scherer. Ce rythme lent peut tout de même lasser les plus hermétiques au cinéma d’auteur, mais pour ma part, je m’y suis plutôt bien accommodé car l’attrait principal du film réside dans son fond (bien qu’il manque encore quelque chose à la réalisation, ce qui viendra surement lors de ses prochains films). Nous aurons aussi droits à plusieurs scènes expérimentales qui représenteront (qu’on me reprenne si je me trompe), je pense, la mort de l’âme.

Ce film est une réelle expérience sortant des sentiers battus hors de toutes conventions cinématographiques (Bien qu’il nous fasse penser par son rythme, sa réalisation et certains de ses propos à « Dans ma peau » de Marina de Van)

Eric est assurément un réalisateur à suivre et à soutenir, vivement ses prochaines réalisations.

L’expérience de Kayden dans ce film, ce n’est ni plus ni moins que la vie en avance rapide.

ps: Merci à Panic Cinema pour cette séance. Je suis bien triste de ne pas être à Paris pour les prochaines…

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