Critique : Snuffet (Dustin Wayde Mills, 2014)
Moyen métrage de 56 minutes, réalisé par l’auteur de « Her name was torment » et « Kill that bitch » entre autres, Snuffet nous narre l’histoire extravagante d’un sérial killer qui a pour particularité de filmer ses exactions et de les mettre en ligne, mais de ne s’en prendre qu’aux « marionnettes » à l’égard desquelles il a développé une haine démesurée, les considérant comme une race inférieure à éliminer coûte que coûte… Ces poupées nous sont présentées comme des êtres vivants, sensibles, doués de raison et faisant partie d’une « minorité » imaginaire. Ce tueur étrange, porteur d’un masque de grenouille, sera rejoint par une admiratrice du site internet qu’il administre et dans lequel il poste ses « meurtres » cette dernière partagera par la suite sa folie haineuse.
Le film commence par l’assassinat d’une de ces poupées, ligotée et implorant une grâce qui ne lui sera jamais accordée. Cette pauvre victime sera ensuite éviscérée pendant de longues minutes ou les détails de son anatomie interne nous seront dévoilés lors d’une scène d’autopsie aussi hilarante qu’absurde. Soyons clairs, Dustin Mills est un réalisateur fauché mais très malin et extrêmement talentueux, et avec Snuffet il réussit le pari de nous faire rire pendant une heure, tout en faisant passer un message crédible et tout à fait assumé, il en arriverait presque à éveiller en nous un sentiment de compassion à l’égard de ces marionnettes, et ce par le biais d’un excellent jeu d’acteur et de la mise en scène d’événements plus loufoques les uns que les autres. Soyons clairs: le métrage est à prendre au second degré, mais pour le public qui se prête au jeu il s’agit d’un divertissement tout à fait désopilant, et je me suis complètement retrouvé dans cette catégorie. S’agissant d’un film à tout petit tirage, que très peu ont déjà eu l’occasion de visionner, je ne pourrai pas dévoiler plus en détails certaines séquences, pour éviter de gâcher votre plaisir à venir, car je vous encourage à regarder ce petit trésor tout-à fait marginal dont le scénario comporte certains rebondissements pratiquement jouissifs (sachez néanmoins que le film comporte des mises en scène d’acte sexuels complètement explicites). Cependant, comme je l’expliquais plus haut, le métrage cache un message très clair par rapport à ce que l’humain est capable de faire simplement par haine, car si l’on substituait l’animosité des intervenants à l’égard des « Puppets » par celle des juifs, ou des homosexuels par exemple on sombrerait dans une oeuvre beaucoup moins originale, ressemblant plus à un « Home invasion » classique. Petit bémol, il n’existe pas de sous-titres dans le DVD, et les dialogues – en VO anglaise – des personnages porteurs de masques, sont parfois difficiles à suivre.
J’en reviens donc au fait que ce moyen-métrage est un savoureux et habile mélange d’humour décalé, de subtiles allusions aux dérives que peuvent engendrer certaines thèses fanatiques, sans pour autant sombrer dans un sermon pleurnichard. Mills nous dévoile avec Snuffet un panaché d’audace, de talent et d’ humour démontrant de la sorte qu’il est possible de créer des oeuvres originales, de très haut niveau sans pour autant avoir des producteurs de renom et des finances indécentes. Pour conclure: fuck the puppets!!
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