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tinam974

Critique : Slaughtered Vomit Dolls (2006) (Lucifer Valentine)

Jouissant d’une aura de « film le plus malsain » jamais réalisé chez les fans de cinéma underground, la trilogie Vomit Gore a fait cependant injustement l’objet de violente critique à l’égard du réalisateur et de son œuvre. Il est donc nécessaire de rappeler à ceux qui jugent un peu rapidement celle-ci, à quel point leurs jugements est faussés.

Slaughtered Vomit dolls est le 1er long-métrage de Lucifer Valentine et certainement son plus radical visuellement. Dés les premières minutes, les plans s’enchaînent ainsi que les effets de style sans prendre le temps de présenter l’histoire. On est ainsi plongé immédiatement dans un esprit humain torturé, sans aucune prise de partie ( apparente ) de l’auteur. Angela Aberdeen ( le personnage principal ) semble disposer du contrôle de son propre récit et décidée à résumer sa vie de façon chaotique par un mélange de voix off, et d’extrait de son enfance. On apprend ainsi qu’avant d’être strip-teaseuse, elle a été une petite fille avec des rêves pleins la tête ( dont celui d’être une ballerine ). Le réalisateur en profite pour intervenir, et de façon assez cruel, met en parallèle ses mouvements délicates d’enfants, et ses mouvements du bassins. SVD est donc avant tout le récit d’un échec à prendre sa vie en main, matérialisé par sa fugue à l’âge de 13 ans et sa consommation de stupéfiant la menant à se vautrer lamentablement sur le sol.

De cet échec découle une mauvaise décision : celle de confier sa vie à Satan lui même qui a encore de nombreuses souffrances à lui infliger. Il s’agit d’un motif cher au réalisateur que celui d’une femme qui se donne corps et âme au mal en espérant oublier sa souffrance passée ( que l’on retrouve dans A perfect child of Satan ). On peut d’ailleurs faire un parallèle avec sa vie en tant que réalisateur durant laquelle il a accueilli Ameara Lavey chez lui,désespérée, en échange de quoi il pourrait la filmer en toute occasion et lui demander n’importe quoi pour son film : SVD était né.



Doit-on cependant considérer l’œuvre de Lucifer Valentine comme profondément misogyne ? Certainement pas et SVD le prouve aisément : la caméra embarquée du réalisateur est véritablement en admiration devant le personnage de Angela la positionnant de façon tantôt désirable, tantôt répugnante, mais avec un désir non dissimulé. Ce début de trilogie montre toute l’ambivalence d’un concept tel que le vomit gore : à la fois un amour irrépressible pour les femmes ( ce qui explique l’attirance de toutes ces jeunes et jolies femmes dont Lucifer Valentine est lui même entouré, lui manifestant un amour réciproque ), à la fois un univers de violence et de débauche. Il s’agit d’une sorte de contrat avec le mal, mais promettant une vie meilleure. C’est là le propos de Mr Valentine, démontrant que notre vie est plus heureuse réduite à l’esclavage physique d’une entité ( même malfaisante ), que d’endurer toutes les souffrances morales d’une vie libre.

A coté de ça, l’auteur met en place un univers malsain de violence et de vomit accompagnés de nombreux éléments stylistiques qui en fondent son atmosphère. Les voix sont systématiquement trafiquées dans une tonalité gutturale, et nauséeuse. Le traitement de l’image est jauni, comme souillé par l’horreur qui en ressort. Le réalisateur se permet même des plans où les actrices vont littéralement vomir sur l’objectif de la caméra. Quand-est-il par ailleurs du vomit ? Au-delà du fétichisme assumé de Valentine ( émétophile ), il est le symbole d’une société à la sexualité extrême et dégradante, le constat d’une haine émanant de ses « rebuts » et le récit d’une souffrance morale qui a besoin de sortir pour s’exprimer. Les interprétations sont donc nombreuses et justifient le caractère extrême du long-métrage.

En résumé, SVD est loin d’être la bouillie filmique que l’on tente de faire passer ( de la part des quelques courageux qui le critiquent ) et se situe comme l’œuvre phare d’un cinéma souterrain, se passant de main en main. C’est avant tout une œuvre expérimentale qui va là ou aucun autre film n’est jamais allé : dans l’esprit humain et son flot chaotique de pensée.

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