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Critique : Mysterious Skin ( 2005 ) ( Greg Araki )

Force est de constater que peu de film ont le courage de traiter de la pédophilie de l’intérieur. Mysterious Skin est de cela. Et il en traite avec objectivité, la marque d’un grand artiste indéniablement. Ici, on suit une courte période de la jeunesse de deux personnages, transitoire entre le monde de l’enfance et celui de l’adulte. Ces deux jeunes ont été pris a partie par leurs entraîneurs de base-ball à l'âge de 8 ans, et tentent tant bien que mal de vivre avec ce souvenir. L’un a préféré l’oublier, l’autre s’en sert pour dominer. Mais chacun est aliéné dans sa vie, et se voile son traumatisme.

Araki opte ici pour une camera implicite, mais à la fois terriblement frontale, tentant de capter chaque parcelle d’émotion et de sentiment. Et c’est par la crudité des dialogues qu’il enfonce encore davantage le clou. On nous parle d’une destruction installé depuis longtemps dans la tête des deux jeunes hommes que ce soit par la fragilité ou par le désir d’autodestruction. C’est donc douloureux d’assister a une souffrance merveilleusement incarné par les jeunes acteurs Joseph Gordon-Levit et Brady Corbet.

L’auteur fait pourtant un choix curieux. Plutôt que de se braquer sur son sujet, sans porte de sortie, il décide de déifié le personnage de Neil, par son travail sur le visage et le corps. Plusieurs personnages gravites, fascinés, autour de lui. Son meilleur amis ne cesse de le décrire comme un ange. C’est la façon dont il s’est réapproprié sa souffrance qui fascine, le rendant a la fois fragile et cruelle. Il se complaît dans son monde de douleur, et de déviance sexuel jusqu’à se mettre en danger. Et pourtant il semble porter un amour sans mesure aux êtres qui l’entoure. C’est donc un personnage détruit mais parfait, et là se situe la capacité de Greg Araki a transcendé ses personnages au-delà des barrières morales imposés par le symbole qu’est la pédophilie. C’est d’autant plus frappant a mesure que les personnages et s’effacent ( tous les hommes de la ville semblent être inexorablement attirés par Neil ) tandis qu’il s’illumine.

Sans aucune provocation, le réalisateur assume sa sur-esthétisation de la violence et la déviance. Il n’hésite en effet pas à semer le doute sur la véritable nature du personnage pourtant victime. Il parviens même a nous faire avaler la thèse de l’enfant consentant pourtant inacceptable sur le plan psychologique. Cette violence symbolique nous absorbe et ne nous lâche que bien après le générique du film.



Visuellement, le réalisateur prends le partie d’un film pop, assumant parfois son aspect kitsch. ( qui fait la signature d’ Araki aujourd’hui ) au service d’un scenario qui ne se joue jamais du spectateur, mais expose des versions de ses personnages et de leurs point de vues. Il n’impose pas non plus un ton, et laisse les émotions naître, prenant ainsi le risque d’être incompris de certain.

Mysterious Skin est donc une œuvre à la beauté fulgurante, fragile et précieuse qui terrasse le spectateur comme peu d’œuvres l’on faites dans le cinéma.


Madhorror666

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