Critique : Carcinoma (2014) (Art Doran)
Synopsis : Dorian vit une vie pleine de bonheur avec sa petite amie. Il est populaire au travail et auprès de ses amis très apprécié. Mais un jour, il sent que quelque chose en lui ne va pas alors il décide de consulter un médecin. Il s’avère que Dorian est atteint d’un cancer du côlon devant être traitée rapidement. Après une nuit atroce à l’hôpital, il se rejette et laisse libre cours à son cancers, qui se terminera par un développement vraiment pervers…
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Carcinoma est avant tout un drame psychologique aux tendances mystiques et à l’ambiance morbide. Le malaise du film émane principalement de son réalisme acerbe, son talent à monter la situation telle qu’elle l’est réellement, la dégénérescence physique et ses conséquences, la chaire qui se putréfie et le cerveau qui disjoncte.
Avec une réalisation chirurgicale et un esthétisme somptueux (normal quand on sait qui est derrière la caméra) il est difficile de rester indifférent face à une telle œuvre.
Nous rappelant parfois Thanatamorphose, Carcinoma s’étend davantage sur son symbolisme et, dés le départ la métaphore est explicite. Le réalisateur compare l’être humain à la terre et expose le parallèle entre le corps de l’homme rongé par un cancer cruellement infligé par les dieux comme conséquence du péché de la chair dont il est coupable, et la terre polluée par l’homme à travers ses actions (souvent imagés par une centrale à gaz). Des symboles (crane de squelette, serpent..ect) de l’omniscience suivent le protagoniste dans chacune de ses situations, le scrutent. Alors que son état se dégrade sévèrement et que son épiderme s’effrite, sa folie s’accentue. Ici il n’y a aucun sadique (hormis une scène de flagellation sadomasochiste inopinée et assez peu crédible) mais uniquement une nature juge de son propre destin. Malgré cela Carcinoma comporte certaines scènes érotiques déviantes sublimées d’une poésie exquise et bien que le thème traité soit de nature morbide, le raffinement visuel et sensoriel avec lequel il est amené envoûte le spectateur dans cette sombre spirale.
Cette oeuvre figure parmi les plus accessibles du réalisateur bien qu’elle traite un sujet commun, elle le fait avec beaucoup de profondeur et de propos. Malgré certaines longueurs et dialogues épiloguant, nous retiendrons surtout la dernière demi-heure presque cérémoniale et ô combien glauque, infâme, étouffante et surtout puissante.
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