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Critique : Blue Holocaust (Buio Omega, Joe D’amato, Italie 1979)


Ambitieuse et très controversée oeuvre de la toute fin des années 70, mise en scène par le très prolifique Joe D’amato, « Blue Holocaust » (portant également les titres de « Buio Omega », « Beyond the Darkness », « Buried alive », « The final Darkness » et « Folie sanglante ») surfe allègrement sur la vague du cinéma gore européen et autres Giallos qui firent la gloire de certains réalisateurs comme Dario Argento, Lucio Fulci ou encore Sergio Martino quelques années avant.



Joe D’amato s’étant jusque là fait remarquer dans des genres très éclectiques, passant du cinéma d’exploitation érotique, aux westerns spaghettis, il s’essayera même avec un succès plus que relatif à l’heroîc fantasy. Le scénario de « Blue Holocaust » s’impose dans les premières minutes comme étant en définitive assez banal avant de sombrer petit à petit dans l’approche plus atypique dans laquelle réside tout son intérêt: Franck un jeune, riche et séduisant taxidermiste fait le serment à son épouse mourante, de ne jamais l’abandonner mais ignore que le drame qu’il va vivre est orchestré par sa jalouse et diabolique gouvernante prénommée Iris, avec laquelle il semble par ailleurs entretenir des relations plus que douteuses. Sombrant peu à peu dans la démence, le jeune homme décidera de mettre en œuvre toutes ses connaissances professionnelles au service de la promesse qu’il fît à sa défunte épouse et en volera la dépouille pour l’empailler et la garder ainsi à ses côtés. Aidé de cette duègne éprise de lui, ils enchaîneront plusieurs meurtres plus barbares les uns que les autres.


Une des qualités principales de l’œuvre réside à mon sens dans sa thématique extrêmement déviante, car en effet le sujet tabou de la nécrophilie est pour la première fois et de manière non anecdotique, abordé au cinéma; ce thème valut d’ailleurs à Blue Holocaust une classification X voire même une interdiction totale dans de nombreux pays à l’instar des plus contemporains Nekromantik et Aftermath. La mise en scène est quant à elle assez impécunieuse, cependant le réalisateur italien réussit sans conteste son pari de la rendre crédible à grands renforts de plan tronqués et de placements de caméra astucieux traduisant une maîtrise artistique indiscutable comme par exemple lors de l’interminable et écoeurante scène de dissection, ou celle du dépeçage d’une auto-stoppeuse. L’intrigue – hormis le leitmotiv assez déviant et nécrophilique – est quant à elle assez classique et les personnages restent somme toute assez conventionnels, contribuant à apporter à l’ensemble ce charme et ce ton très caractéristique qu’avait le cinéma transalpin de l’époque et que l’on pouvait retrouver entre autre dans les oeuvres de Fulci ou d’Argento.


Un autre point fort également de taille: cette splendide musique du cultissime groupe « Goblin », lequel avaient déjà participé à d’autres œuvres d’envergure et emblématiques du cinéma de genre comme « Dawn of the dead » de Georges Romero ou encore « Suspiria » de Dario Argento. En effet, cette musique à la fois lancinante et abrupte apporte un rythme progressif au métrage qui aurait rapidement pu devenir saumâtre sans cet apport alliant fraîcheur et ingéniosité. Je précise par ailleurs que je l’ai regardé en version italienne (mon Dvd ne proposant que deux versions audio), et que la bande son est dans l’ensemble, de piètre qualité. Riche en idées novatrices, mais à mon sens n’égalant jamais celles de ses célèbres pairs ausoniens et souffrant malgré tout de nombreuses incohérences, affichant une volonté assumée de jouer la carte de l’intensité dramatique plutôt que celle du gore (ce qui eût été plus judicieux à mon sens au regard de la thématique abordée), Blue holocaust reste et restera malgré tout une oeuvre emblématique du cinéma bis italien, et certainement le meilleur film de Joe D’amato avant qu’il ne s’orientât vers une carrière plus rentable de réalisateur de films X au début des années 80.

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