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Critique : Suspiria (2018) (Luca Guadagnino)

Synopsis : Susie Bannion, jeune danseuse américaine, débarque à Berlin dans l’espoir d’intégrer la célèbre compagnie de danse Helena Markos. Madame Blanc, sa chorégraphe, impressionnée par son talent, promeut Susie danseuse étoile. Tandis que les répétitions du ballet final s’intensifient, les deux femmes deviennent de plus en plus proches. C’est alors que Susie commence à faire de terrifiantes découvertes sur la compagnie et celles qui la dirigent…

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Tout d’abord, affranchissez vous du « culte » que vous pouvez porter à l’œuvre originale d’Argento pour réellement apprécier et digérer cette vision complètement nouvelle de Luca Guadagnino qui peut en désarçonner plus d’un.

Ce nouveau Suspiria n’est pas un film qu’il est réellement facile d’aimer, déjà par l’hermétisme qu’il peut imposer – possible hermétisme accentué par sa longue durée (2h30). Pourtant, nuls doutes qu’il enterre la quasi-intégralité des films « d’horreur » de ces dernières années. Quel aurait été l’intérêt de reproduire un remake synonyme de simple copie modernisé de l’original d’Argento ? Aucun. Alors, Guadagnino y métamorphose presque tout : pas mêmes enjeux, pas la même ambiance, pas les mêmes ambitions, pas la même approche…ect. L’esthétique baroque aux lumières chromatiques remplacée par un décor froid tout droit sorti d’un Berlin post-industriel qui n’est pas sans nous rappeler Possession de Zuwlaski d’ailleurs explicitement source d’inspiration de par le sous-texte politique (lien avec la Bande à Baader, le mur de Berlin..ect) et le rapport à l’hystérie ainsi qu’au corps. Là où Argento visait plutôt l’épouvante pure à travers une mise en abyme horrifique parfois kitsch, Guadagnino se porte davantage sur une certaine viscéralité retranchée dans une psychologie malaisante. Atmosphère froide et poisseuse surplombée par une réalisation incroyablement maîtrisée qui rajoute une certaine austérité à l’incommodité ambiante.



Au-delà de certaines fulgurances qui crèvent l’écran, on est frappé par la violence cru et réaliste qu’on nous assène en plein visage; de cette brutalité frontale (scène du corps brisé lors de la danse) – accompagné par des effets spéciaux bluffants – et ce rapport corporel inopinément impudique. On le constate encore : on se trouve ici aux antipodes de l’œuvre originale d’Argento dont la beauté picturale a su nous séduire mais qui ne visait, clairement, pas les mêmes ambitions. Guadagnino relaie d’ailleurs l’intrigue principale au second plan mais creuse davantage l’ésotérisme et le ritualisme qu’il éparpille parfois maladroitement mais avec une indéniable passion sur différents arcs narratifs peut-être pas assez épurés, donc à double tranchant. Cependant, la fascination opérée par les certaines interludes oniriques parvient à captiver et donne des proportions presque mystiques qui trouvent leur apogée dans le final purement hallucinant (plus proche de Jodorowsky ou Lynch que d’Argento) – cauchemardesque – qui ne ressemble à rien d’existant…

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